Sport et Bénévolat Gilbert Franz, bénévole après une carrière à rebondissements
Débarqué de son bateau à moteur après avoir vérifié les installations techniques sur l’eau, en vue des championnats de France master organisés par le Club Nautique Creusotin les 1er et 2 juillet, Gilbert Franz s’élance d’un pas décidé sur le ponton du lac de Torcy. Allure sportive, teint hâlé, l’ancien rameur de 67 ans n’a rien perdu de sa superbe.
L’aviron débarque dans sa vie alors qu’il a 16 an. Une première année catastrophique. « J’ai perdu toutes mes courses », sourit-il derrière ses lunettes de soleil. « Ça m’a tellement énervé que l’année suivante, j’ai tout gagné. »
Franz/Perkowski, les inséparables
La suite est à fond de cale. Il enchaîne les titres de vice-champion du monde junior, de champion de France des moins de 22 ans, et cerise sur le gâteau, une sélection en équipe nationale. « En 1976, j’étais à deux doigts d’aller aux Jeux Olympiques d’été de Montréal mais finalement le choix s’est porté sur un autre rameur, que j’avais déjà battu en course… », se souvient-il. Première frustration pour le Creusotin.
Deux ans plus tard, il monte un deux barré avec un autre licencié du club du Creusot : Frédéric Perkowski. Le duo ne se lâchera plus jamais. Avec son acolyte, il gagne deux titres de champion de France senior en 1978 et 1979. « En 1978, je faisais partie du huit de l’équipe de France en Nouvelle-Zélande, lui était dans le quatre barré. Mais l’année d’après, j’ai dit : “Pas question que l’on soit séparé “ », explique-t-il, tout en faisant “non” de la main. « On a donc constitué un quatre barré avec deux autres équipiers et, résultat, on a gagné les régates de sélection pour les Jeux Olympiques 1980 à Moscou », reprend-il fièrement, avant que son visage ne se ferme. Car une fois en stage terminal, les choses ne se passent pas comme prévues.
Une fin de carrière avancée
En 1980, c’est le boycott des Jeux en raison de l’invasion soviétique en Afghanistan. « Le comité olympique a mis la pression pour réduire les délégations. Et pour la France, c’est tombé sur nous. Notre bateau a été écarté et on n’a pas été aux Jeux… », soupire Gilbert. Mais selon lui, l’explication est toute trouvée : les clubs parisiens ont été plébiscités. « Ils avaient plus de poids que Le Creusot, c’est sûr ! On était les meilleurs de l’équipe de France et ils nous virent. Alors, Frédéric et moi, on a tout stoppé », assène-t-il. Une frustration de plus qui va mettre fin à la carrière de haut niveau de Gilbert Franz, à seulement 25 ans.
Entraîneur et bénévole, toujours au Creusot
Mais les pales ne sont pas restées loin longtemps. Il se remet à ramer pour le Creusot de 1984 à 1990, avant de devenir entraîneur pendant une quinzaine d’années. En 1996, il va mener le bateau du 4 de couple féminin au titre de championne de France junior. « J’ai aussi entraîné, lorsqu’il était cadet, Fabrice Moreau, devenu par la suite sept fois champion de France, deux fois vice-champion du monde et champion d’Europe en 2009 en quatre de pointe », décrypte Franz, avant d’aborder le sujet du bénévolat.
Un statut qu’il assure depuis toujours au sein du Club Nautique Creusotin. « Je m’occupe de toute la partie technique sur l’eau : les installations, les départs tenus, les zones à sécuriser. Le président (Quentin Michelet) dit que je suis sa pièce maîtresse, mais je délègue de plus en plus aux jeunes », rit Gilbert Franz, qui compte bien profiter pleinement de sa retraite.
On était les meilleurs de l’équipe de France et ils nous virent. Alors, Frédéric et moi, on a tout stoppé
Gilbert Franz
Notre bateau a été écarté et on n’a pas été aux Jeux Olympiques de Moscou
Gilbert Franz